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Ephèm'arts
24 janvier 2015

2015 ★ Invincible, d'Angelina Jolie

 

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Only God Forgives

       Les Oscars approchent, et comme chaque début d'année, les grosses productions américaines envahissent les écrans français. Elles apportent dans leur sac leur lot de surprises (Her de Spike Jonze), d'interprétations hors du commun (Matthew McConaughey et Jared Leto dans Dallas Buyers Club) et de films qui marqueront très certainement l'Histoire du cinéma (Twelve Years a Slave). Cependant, cette période prolifique manque parfois un peu de piquant et apparaît plutôt marquée par un déferlement d'académisme et de longs-métrages façonnés pour l'occasion. Cette année, Invincible, le deuxième film réalisé par Angelina Jolie, est malheureusement de ceux-là.

       Si le film n'a pas été retenu dans les grandes catégories de la course aux statuettes, il se présente tout de même comme le candidat idéal. Dès les premiers plans, Invincible s'affiche d'emblée comme une fresque imposante, où la Grande Histoire va devenir le théâtre d'un destin individuel, ici celui de Louis Zamperini. Un schéma vu et revu dans divers biopics ou films de guerre, auquel Angelina Jolie n'apporte rien de nouveau. Sa réalisation extrêmement classique emballe rarement, surprend très peu. Malgré quelques jolis plans qui se battent en duel, les rares bonnes idées ne sont jamais exploitées jusqu'au bout et l'audace manque à l'appel.

                                                             Unbroken_07

       L'ampleur visuelle n'est donc pas au rendez-vous, ce qui vient souligner un autre problème majeur : celui d'un scénario quasi-inexistant. Invincible ne s'attache au final qu'à décrire platement la survie de ce personnage peu charismatique, que ce soit sur les pistes d'un stade sportif, dans un canot de sauvetage ou enfermé dans un camp japonais. Une accumulation de situations longues et assez inertes qui s'étendent sur près de deux heures vingt ! C'est à se demander ce que les frères Coen sont venus faire dans cette histoire... Aucun dialogue ne vient d'ailleurs combler ces béances scénaristiques : chaque parole prononcée – et il y en a très peu – ne l'est qu'à titre informatif. Une façon pour Jolie de plonger ses personnages dans un silence imposé, qui accentue l'effet pathétique et la victimisation des protagonistes.

       Un statut de martyr qui ne sied pas du tout à Jack O'Connell, véritable bête sauvage que Jolie s'est attachée à dompter. Ce rôle de héros à la force morale surhumaine détonne complètement des précédents personnages campés par l'acteur britannique. Il manque chez ce Louis Zamperini un paradoxe, une complexité qui permettrait à O'Connell de s'épanouir pleinement. Angelina Jolie ne s'attarde d'ailleurs que rarement sur le visage de son comédien, par peur de laisser échapper un brin d'énergie positive qui aurait pu redonner vie à son film. La personnalité de Jack O'Connell y est biaisée, son jeu est écrasé par le montage, mais Invincible aura au moins le mérite de révéler cet acteur passionnant aux yeux du grand public.

       Pour son deuxième essai, Angelina Jolie rate le coche. Manichéisme, patriotisme et morale religieuse suffisent peut-être pour concourir aux Oscars, mais un spectateur avisé ne pourra y voir que niaiserie et facilité. Si Angelina-réalisatrice a sûrement beaucoup de futurs projets intéressants en tête, il est bien triste aujourd'hui, en 2015, de voir un film conventionnel si peu téméraire.

                                                                                  unbroken

Bruce Springsteen - Tougher Than the Rest

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