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Ephèm'arts
12 février 2014

2014 ★ Minuscule, de Hélène Giraud et Thomas Szabo

                                                                                     minuscule-la-vallee-des-fourmis-perdues-2-g

 Fast and curious

          Créateurs de la série télévisée Minuscule : la vie privée des insectes, Hélène Giraud et Thomas Szabo portent aujourd'hui les aventures de leur coccinelle préférée sur grand écran. Diverses bébêtes créées numériquement cohabitent dans un microcosme en décors réels, personnages récurrents et gags en tous genres sont au rendez-vous pour donner vie à un univers original et déjanté.

          Une toute jeune coccinelle se perd lors d'une balade avec sa famille, arrêtée par un groupe de mouches moqueuses. Se réfugiant pour la nuit dans une boîte à sucres laissée là par des humains pressés, la créature à pois rencontre au petit matin un groupe de fourmis noires. Après les avoir sauvées des griffes d'un lézard, l'orpheline est adoptée par la petite troupe qui l'embarque dans un dangereux combat contre leurs ennemies sanguinaires. 

                                                              minus_11

          Le point fort de cette fable à six pattes, c'est évidemment son détournement de l'anthropomorphisme. Celui-ci avait déjà joué des tours aux plus grands studios américains tels que Dreamworks, qui s'était cassé la figure en mettant en scène une relation amicale entre une abeille et une femme dans Bee Movie. Helène Giraud et Thomas Szabo trouvent ici le bon ton : leurs attachantes bestioles ne prononcent jamais un seul mot et sont transformées en bolides klaxonnant et bzibzitant à tout-va. La naissance des trois coccinelles et leur premier envol sont de ce point de vue enchanteurs et poétiques, laissant naître l'émerveillement de la découverte de ces petits diesels ronronnant. Cependant, en évitant les pièges de l'anthropomorphisme, les deux réalisateurs n'ont d'autres choix que de créer des scènes d'action pour tenir leur auditoire éveillé, abandonnant un potentiel contemplatif qui aurait plus ravi les adultes que leurs progénitures.

                                                               minuscule-vallee-fourmis-perdues-szabo-giraud

          Multipliant les références, Minuscule semble avoir absorbé les codes des grands genres du blockbuster américain. Film d'aventure, film de guerre et courses poursuites se mêlent pour former un récit des plus classiques. Après s'être échappée des machoires d'un brochet spielbergien, la créature s'engage dans une course vengeresse contre les mouches ricaneuses et dans une bataille sans merci contre les fourmis rouges. Le récit se résout même par une solution aristotélicienne. "Si l'on voit un couteau au premier acte, il doit servir au dernier", telle était la formule du fameux philosophe grec. Elle s'avère illustrée ici par une modeste boîte d'allumettes. Croisée innocemment au début du film, celle-ci devient l'arme de destruction massive qui permettra d'éliminer les affreuses une bonne fois pour toutes. Lorsque la coccinelle prend son envol pour partir à la recherche du fameux objet, celle-ci croise au détour d'un tournesol une de ses semblables et en tombe amoureuse. La boîte d'allumettes, véritable outil de guerre, sert également à réunir notre héroïne et son âme soeur, avec qui elle pourra reconstruire la famille qu'elle avait perdue.

          Promulgant des valeurs familiales auprès des plus petits, Minuscule offre de savoureux moments de poésie et d'humour, quelque peu gachés par un manichéisme constant et par une agitation souvent lassante. Les personnages secondaires hauts en couleurs parviennent l'espace d'un instant à faire oublier cette minime déception. On retiendra surtout l'hilarante (et imposante) reine des fourmis noires éjectant ses oeufs tels des dragées en sucre et l'adorable araignée, vivant en ermite dans une maison de poupée abandonnée. Depuis Ernest et Célestine, le cinéma d'animation français destiné aux enfants fourmille de bonnes idées, mais attention à ne pas se laisser prendre dans les toiles américaines, sous peine d'y perdre notre charmante identité hexagonale.                         

                                                                   Minuscule-araignee

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