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Ephèm'arts
8 avril 2014

2014 ★ Pelo Malo, de Mariana Rondón

pelo malo

Les bêtes du Sud sauvage

       Dans un coin du monde qui transpire la testostérone, difficile de se faire une place, surtout lorsqu'on aime chanter et danser. Ce sont pourtant les deux passions de Junior, interprété par le petit Samuel Lange Zambrano, qui vit seul avec sa mère, veuve et sans emploi, et son petit frère. Alors que le jeune garçon voit encore le monde à travers des yeux naïfs, sa mère, incarnée par la terrifiante Samantha Castillo, lui fera vite comprendre que pour être l'homme de la famille, les rêves de gloire et les brushings ne suffisent pas.

       Pour son quatrième long-métrage, Mariana Rondón nous plonge dans un quartier défavorisé de Caracas pour y pointer, avec humour et dureté, l'agressivité urbaine qui y règne. Au détour d'un embouteillage assourdissant ou de quelques vannes cruelles balancées d'un gamin à un autre, la dangerosité du milieu s'exprime, sans jamais pourtant perturber Junior et sa jeune voisine rondouillette. Dans leurs esprits candides, les viols n'arrivent qu'aux autres et les balles ne touchent que le coeur des vilains. La véritable menace se trouve en réalité à l'intérieur, dans la tête d'une mère qui refuse de voir son fils souffrir du regard des autres. Face à la possible homosexualité de son enfant, Marta adopte des méthodes choquantes, voire éprouvantes, autant pour le garçon que pour le spectateur. Son hostilité et ses préoccupations ne sont jamais très subtiles mais font de la lutte de Junior une odyssée déchirante.

       Dans ce récit d'existence contrariée, la lourdeur s'installe parfois, mais la pénibilité du climat ne laisse jamais place au sentimentalisme ou à la mièvrerie. Dans ses derniers instants, le film parvient même à atteindre une violence implacable, captant le regard impassible de Junior parmi la foule, un jour de rentrée des classes. Au final, Pelo Malo n'est pas un film sur un jeune garçon en mal d'identité, et traite surtout, pêle-mêle, de l'incompréhension d'une mère, de tabous régissant une société intransigeante et de rêves enfantins brisés par un monde trop adulte et trop rude.

Henry Stephen - Mi Limon Mi Limonero

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